Marseille – Photographier ce que l’on croit déjà connaître.
Photographier Marseille, c’est un combat silencieux.
Pas contre la ville, mais contre moi-même.
Ici, tout m’est familier : les ruelles du Panier, le Vieux-Port, les façades brûlées par le soleil… Ce sont des décors que j’ai vus mille fois, parfois sans même les regarder. Et c’est justement ça, le défi : réussir à voir à nouveau.
À Osaka, chaque rue était une découverte. Ici, chaque rue est un souvenir.
Je ne peux pas me contenter de clichés faciles. Je veux plus. Je veux montrer Marseille comme je la ressens vraiment — brute, lumineuse, imprévisible. Et c’est cette quête qui me met une pression folle.
Je sais que les gens d’ici connaissent déjà ces paysages. Alors, comment leur donner envie de les redécouvrir ? Comment leur faire dire : “Oui, c’est bien Marseille… mais je ne l’avais jamais vue comme ça” ?
C’est ça que je poursuis.
Pas seulement une belle image, mais une image qui arrête quelqu’un, qui le fait rester quelques secondes de plus.
Je rêve qu’un jour, mes photos de Marseille circulent dans ma propre ville. Que les murs des galeries, des cafés, des maisons, portent ce regard que j’ai sur elle. Cette reconnaissance, je ne la veux pas par vanité. Je la veux parce que chaque photo que je fais ici me coûte plus qu’ailleurs.
Dans quelques années, j’aimerais en faire un livre. Pas juste un recueil d’images, mais un portrait intime. Un Marseille de lumière et d’ombre, de tendresse et de rugosité. Un Marseille vu par quelqu’un qui y vit, qui l’aime, et qui continue de la découvrir malgré tout.